Conférence nationale sur l’inclusion scolaire : 2 délégués du Vaucluse à Paris

Karine Serrano (AESH) et Blaise Laurent (PE), mandatés lors de la réunion du 18 octobre dernier à Avignon, ont participé à cette conférence pour dire stop au chaos et à la mise en danger des personnels et des élèves dans les établissements scolaires, NON à l’inclusion systématique et forcée, et NON à l’Acte 2 de l’Ecole inclusive.

Avec les 228 autres délégués présents venus de tous les départements, ils ont adopté un appel (voir ici) pour une grève et une manifestation le jeudi 25 janvier 2024 à PARIS :
Pour : 

➢ La défense de l’enseignement spécialisé et adapté, 
➢ Le maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux, 
➢ Un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH 
➢ Le retrait de l’acte 2 de l’Ecole inclusive et de l’article 53 du projet de loi de finance créant les Pôles d’Appui à la Scolarité.


La déclaration lue par Blaise Laurent :

« Chers collègues,
Je vous adresse le salut fraternel des camarades du Vaucluse qui nous ont mandaté, Karine et moi, afin de participer à cette conférence nationale.

“Elle m’a mis un coup de tête dans le ventre.” “La crise a duré 1h30.”

Nous étions 4 adultes pour le contenir.”

“Les élèves n’arrivent pas à travailler, ils sont très perturbés, terrorisés.”

“L’angoisse d’une nouvelle crise est permanente.”

Ces mots, vous les avez probablement déjà lus dans les fiches SST qui vous sont remontées.

Vous les avez sûrement déjà entendus au téléphone, lorsque les collègues vous ont appelé à l’aide. Vous avez peut-être même vécu personnellement certaines de ces situations. Ce ne sont pas des événements isolés. J’en veux pour preuve votre présence à tous, ici aujourd’hui. Dans le pays tout entier, l’inclusion systématique plonge l’École et ses personnels dans une crise profonde qui génère une souffrance insupportable.

Depuis 2005, les gouvernements successifs ont menti aux parents d’élèves, en leur faisant croire que tous les enfants pourraient intégrer l’école de secteur, pour y vivre une scolarité ordinaire, ou la plus ordinaire possible. Mais l’école ne peut apporter les soins médicaux dont certains élèves ont besoin et auxquels ils ont droit. Le gouvernement actuel préfère accélérer et fermer toujours plus de places en ITEP et IME, il achève l’enseignement spécialisé et culpabilise les collègues qui ne sauraient pas s’y prendre correctement. Mais comment faire classe à nos élèves quand l’un d’entre eux, en pleine crise, se met en danger, ou met en danger les autres ? Combien de dépressions, de burn-out et de démissions faudra-t-il encore pour que le gouvernement change de direction sur l’inclusion ?

Dans notre département, nous rédigeons un livre noir de l’inclusion scolaire systématique, sur la base de témoignages que nous recevons et que nous rendons bien sûr anonymes. Nous comptons organiser une conférence de presse et nous demanderons audience auprès du DASEN pour lui remettre ce livre noir et lui poser nos revendications en termes de postes, de classes et de structures spécialisées, de recrutement d’AESH sous statut pour respecter les notifications de la MDPH et pour l’abandon des PIAL, mis en place pour faire de sordides économies en réduisant l’aide apportée aux élèves, sur le dos des collègues qui s’épuisent au quotidien.

Mes camarades, nous avons une responsabilité : celle d’alerter l’ensemble de la société sur l’implosion silencieuse que connaît l’École de la République.

Trop de collègues subissent et n’osent pas dénoncer une véritable maltraitance institutionnelle. À nous de les aider à relever la tête, et à ne plus accepter l’inacceptable.

Pour conclure, nous appuierons toute initiative nationale qui sera adoptée lors de cette conférence. »

 


Plus de 230 délégués (Enseignants, AESH, parents d’élèves, personnels administratifs, personnels soignants, personnels du médico-social…), venus de toute la France se sont donc retrouvés pour dresser un constat partagé des conséquences dramatiques d’une inclusion systématique, érigée désormais en dogme. Partout les AESH sont malmenés, partout des centaines d’élèves en attente d’une place en établissement spécialisé, partout souffrance et culpabilisation… et une conclusion unanime : ça ne peut plus durer ! 

L’appel a été adopté à l’unanimité, grève le 25 janvier avec une perspective inédite : obtenons satisfaction en nous rendant à Paris, au ministère !